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Ico

Je vous épargne les détails de ma vie et pourquoi j'ai trouvé que les 5 années de gloire de la Playstation ont été une grande frustration pour moi... Bon, je prends un petit instant pour vous expliquer ! À la sortie de la Playstation, mouture originale, je suis venu à croire qu'il serait possible de produire des jeux avec des graphiques 100 fois plus beaux et riches que ce qui était sur le marché. J'étais à ce point frustré par les graphiques supposément réalistes que j'ai décidé de diminuer considérablement mon temps de jeu. Je me suis adonné à la lecture, l'écriture, le jardinage... hahaha ! Sans farce, avant GT3 et maintenant ICO, je n'avais toujours pas vu de jeux qui me coupaient le souffle. Je crois maintenant qu'on arrive au début d'une ère nouvelle où les jeux seront toujours plus époustouflants et réellement réalistes. Enfin...

Une belle journée ensolleillée, ICO, le fragile héros de cette histoire, se lève, pensant fêter ses douze ans. L'angoisse le prend de plein fouet puisqu'il apprend que les cavaliers sans visage viennent le chercher. Depuis sa naissance, il est la victime des toutes les maugréations, le responsable de tous les maux. Dans son village, les cornes sont signes de malédiction et une fois par génération un môme nait avec ces cornes blanches. ICO a maintenant des grandes cornes et il est chassé, banni à jamais. Ainsi, le village sera épargné du mal. Dans un château immense et croulant, on enferme ICO dans une géante urne, pour qu'il puisse mourir, de faim ou de tristesse, on ne le sait pas. Une faille du destin le sauve et peu après il découvre une jeune fille au nom de Yorda, un peu plus âgée que lui, emprisionnée dans une cage suspendue. Évidemment, sa fibre chevaleresque se fait forte et notre héros en devenir sauve la demoiselle en détresse. Naturellement, il décide de l'aider à s'enfuir du château. Ce ne sera pas une tâche facile et c'est là que réside l'objectif de ce jeu : sortir.

À prime abord, le scénario nous semble simple, peut-être trop. Mais il l'est par la volonté des créateurs et c'est parfait ainsi. Tout est raffiné, c'est une essence pure que de jouer à ICO. On nous laisse deviner plus qu'on nous apprend. Les deux personnages ne se comprennent pas, et nous non plus, on ne les comprend pas. On sait en jetant un coup d'oeil au livret qu'une reine dont le corps est en train de mourir veut empêcher la princesse de s'enfuir. On sait que les âmes des enfants emprisonnés, des dizaines, voire des centaines d'âmes sont maintenant maléfiques. Ils sont au service de la reine et tenteront à tout prix d'empêcher la princesse de s'enfuir.

Et c'est dans ce château gigantesque un peu en ruines, perché haut sur une falaise surplombant la mer, que ICO doit trouver comment s'échapper. Chaque pièce est un puzzle à résoudre. Des chaînes, des blocs de granit, des ponts et divers mécanismes doivent être utilisés pour permettre à nos deux étranges protagonistes de progresser. Des fantômes de fumée noire surgissent souvent de puits noirs pour essayer d'enlever Yorda. ICO utilisera un bâton, et éventuellement une épée pour les combattre.

L'histoire se déroule ainsi, recherche, combats et cinématiques. On utilise le moteur graphique du jeu pour nous présenter des événements plus importants. L'écran est alors utilisé en format 16/9 pour différencier ces moments d'intrigue. Les graphiques sont incroyables. Les textures sont veloutées et les couleurs apaisantes. Le château est tout simplement fascinant. On l'explore tout au long de notre périple et plus d'une fois vous aurez le souffle coupé. Que ce soit en apercevant les rives lointaines, l'océan ou un vieux moulin, chaque image a été travaillée minutieusement. Les personnages sont animés comme on l'a rarement vu, malgré qu'ils soient somme toute assez simplement dessinés. Yorda est éthérée tout comme ce monde qu'elle habite. Vous serez fasciné par les expressions qu'ont leurs visages, par leur manière de bouger, de se prendre la main.

ICO doit donc aider Yorda, elle est parfois désorientée ou trop faible pour grimper, à traverser 6 tableaux qui forment un tout particulier. Dans les entrailles du château, sur ses parapets, dans les cours intérieures, vous découvrirez toute la splendeur des décors et les énigmes qu'ont concoctées les développeurs. On est loin des puzzles compliqués qu'on a vu dans certains jeux comme Myst ou 7th Guest, mais c'est justement cette interaction complexe et complète avec l'environnement qui est nouvelle. On a souvent vu des leviers, des dalles qui ouvrent des portes, mais jamais on n'a été aussi loin dans l'utilisation de l'environnement comme puzzle. Vous serez étonnés par le génie du jeu ainsi que par l'immensité de ce château qu'on ouvre une pièce à la fois. On va souvent repasser sous ou au-dessus d'une pièce qu'on a déjà traversée, découvrir à quoi servait un objet qui semblait inutile ou inutilisable.

Le tout est merveilleusement enveloppé par une bande sonore presque silencieuse. On entend le vent, la mer, les oiseaux et parfois quelques notes perdues. C'est mystérieux, tout autant que les images ainsi que les personnages. Entendre ICO appeler Yorda éveille quelque chose au fond de nous. Lorsqu'on entend le bruit que fait un puits de noirceur alors qu'il apparaît, on ressent toute l'urgence de venir en aide à Yorda. Les sons habillent et lient habilement ce jeu d'ambiance, de sentiments. ICO a une âme, et on apprend à la découvrir, à la libérer.

Côté technique, il y a un soin remarquable aux détails, des textures merveilleusement bien agencées et un moteur graphique si bien conçu qu'il sert parfaitement pour les cinématiques. L'environnement sonore est harmonisé aux décors pour créer une ambiance engouffrante et délicieuse. Autant certains jeux souffrent de vides sonores, autant ICO habite ces vides et nous fait apprécier les sons qui surgissent à l'occasion. Le scénario est simpliste au point d'être parfait. C'est l'essence de l'aventure, de la réflexion et du désir de réussir. Les manoeuvres sont simples, peu nombreuses et pourtant incroyablement bien animées. On est charmé par les mouvements de nos personnages et on devient ce jeune garçon ICO. C'est parfois difficile mais sans jamais être impossible et frustrant d'effectuer les mouvements. L'interaction avec l'environnement est irréprochable. Il arrive parfois qu'un plan de caméra soit un peu discutable mais encore... en bout de ligne, le seul défaut de ICO, c'est qu'il se termine trop vite à notre goût ! 10 heures suffisent à un joueur moyen pour terminer ce bijou et les 3 heures passeront très vite si vous le recommencez une deuxième fois.

ICO est devenu un incontournable dès sa sortie. Il faudra le laisser mûrir quelque temps avant de le considérer un classique mais il le deviendra, n'en doutez point ! Son caractère unique surgit d'un agencement délicat de sons, d'images et d'interactions. Ce jeu vous envoloppe dans un voile mystérieux qui s'envole tranquillement, comme les oiseaux qui peuplent le château, lorsque vous le terminez. ICO c'est l'objectif que tous les développeurs cherchent à atteindre, le cadeau que j'ai longtemps désiré...




Liens

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