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Matt Collins, Hasbro Interactive

En 1972, Nolan Bushnell crée avec 500$ la première société de jeux vidéo, appelée Atari, terme qui signifie "échec" au jeu de go. La première borne de Pong, mise en au point par Bushnell et Al Alcorn, installée au Andy Capp’s Tavern à Sunnyvale en Californie tombe en panne au bout de 24 heures: le monnayeur était plein à ras bord! L'année suivante, Atari annonce un chiffre d'affaire de 3,2 millions de dollars. La progression d'Atari fut fulgurante, en 1976 la société connu un succès retentissant en lançant la première console de jeux vidéo munie de cartouches de jeux, la Atari 2600. En 1978, elle se lance dans la micro-informatique personnelle en sortant ses premiers ordinateurs 8 bits, l'Atari 400 et l'Atari 800. Mais le succès sera modéré, et la firme continuera de tirer la plus grande partie de son chiffre d'affaire (2 milliards de dollars en 1982) des logiciels dédiés à la console Atari 2600. Ensuite, ce fut la descente aux enfers, la première crise des jeux vidéo frappa Atari de plein fouet en 1983, les pertes furent énormes: plus de 500 millions de dollars.

La société survécue tant bien que mal durant la deuxième partie des années quatre-vingt, en partie grâce au succès du micro-ordinateur Atari 520ST. Mais Malgré une profonde restructuration, un nouveau plan marketing et de nouvelles gammes de produits, Atari ne parvient pas à renouer avec les bénéfices insolents de ses débuts. Après avoir changé quelques fois de main, Atari lance en novembre 1993 avec fanfare sa nouvelle console de jeux 64 bits, la Jaguar, sur le marché new-yorkais. Tout à été prévu pour la Jaguar, mais, faute de titres porteurs, et malgré sa supériorité technique, elle ne parviendra pas à s'imposer face à la Super Nintendo. L'échec est retentissant. En fait, seules 260 000 consoles ont été fabriquée et 90 000 dorment encore dans un hangar quelque part dans la Silicon Valley. Mais la résurrection a bel et bien eu lieu puisque que Hasbro a racheté en 1997 la marque Atari et toutes ses licences pour la somme de 5 millions de dollars. Le premier jeu paru suite à ce rachat fut une version moderne de Frogger. Pour discuter de l'avenir des franchises d'Atari, nous avons rencontré Matt Collins au Electronic Entertainment Expo de Los Angeles.

MZ: Comment expliquez-vous le succès inespéré de Frogger?

MC: Il n'y a jamais qu'une seule raison pour expliquer un succès aussi retentissant. Dans le cas de Frogger, nous disposions d'une bonne franchise, d'un personnage populaire et aussi d'un prix de vente qui a permis à plusieurs consommateurs de se procurer et d'apprécier le jeu à sa juste valeur. À ce jour, nous avons vendu quatre millions de copies du jeu sur PC, PlayStation et Color GameBoy.

MZ: Frogger, paru en 1981, fut l’un des premiers jeux non violents de l’histoire du jeu vidéo. A une époque où les combats intergalactiques triomphaient, Frogger tenta une nouvelle approche en proposant un scénario simple, un personnage peu héroïque et une action dénuée de toute agressivité. Le triomphe fut immédiat. Une grenouille guidée par le joueur devait traverser une route toujours plus embouteillée, puis une rivière où pullulaient tronc d’arbres, crocodiles et tortues submersibles. Le joueur marquait des points en ralliant au plus vite des niches situées en haut de l'écran. La logique de progression, toujours semblable, était contrecarrée par un trafic routier toujours plus dense et paradoxalement plus rapide et par la force du courant de la rivière qui augmentait sans cesse. L'exercice était pourtant passionnant, jusqu'à l'exaspération, d'autant que les manipulations étaient extrêmement simples. Hasbro a redonné vie à la grenouille antique en 1997. Le résultat était non seulement émouvant pour les nostalgiques, mais amusant: plusieurs nouveaux tableaux projetaient le batracien dans d'affreuses pérégrinations sur le dos d'hippopotames, entre des essaims d'abeilles ou sur des plates-formes flottantes. Après avoir connu un tel succès avec Frogger, Hasbro ne pouvait s'empêcher de revenir à la charge avec Frogger 2: Swampy's Revenge.

MC: Nous avons décidé tout naturellement, de concevoir de nouveaux mondes que devra explorer Frogger, ainsi qu'un nouvel ennemi, Swampy le crocodile. Ce dernier, bien que très maladroit, a réussit à kidnapper la progéniture de la petite grenouille. Frogger et sa compagne devront donc les secourir.

MZ: Frogger 2: Swampy's Revenge propose une trentaine de niveaux ainsi qu'un mode multijoueur amélioré. Les graphiques sont quelque peu supérieurs, de même que la gestion de la caméra qui permet d'obtenir une vision d'ensemble plus appropriée. Frogger n'est cependant pas la seule licence d'Atari à avoir connu une cure de jouvence, quatre autres jeux ont fait leur apparition ces deux dernières années.

MC: Nous avons constaté que les joueurs avaient un appétit bien réel pour des jeux simples, utilisant des concepts de jouabilité classiques. Nous avons donc ressuscité Centipede, Missile Command, Q*Bert puis Pong, cet illustre ancêtre. Le public a répondu à l'appel, plusieurs apprécient à nouveau ces classiques.

MZ: Pong ouvre traditionnellement l'histoire des jeux vidéo. Bien que ce jeu ne fusse pas le premier conçu, il fut le premier à toucher le grand public. Dès 1972 il apparaissait un peu partout, d'abord dans les salles d'arcade, ensuite dans des millions de foyers. Breakout, paru en 1976, fut son successeur spirituel. Peu de gens le savent, mais ce jeu, qui avait pour objectif la destruction progressive d'un mur de briques, fut conçu en quatre jours par Steve Jobs et Steve Wozniak, ceux-là même qui fondèrent Apple après leur départ d'Atari. Hasbro a décidé de restaurer aussi de restaurer cet autre classique.

MC: Breakout était la suite logique de Pong. Toutefois, Breakout s'adresse surtout aux joueurs seuls, son style de jeu si particulier s'appréciant davantage en solo. Bien entendu le jeu bénéficie de graphiques en 3D et s'enrichit d'une histoire qui saura captiver les joueurs et les inciter à ne pas baisser les bras.

MZ: Breakout: The Great Escape propose une trentaine de niveaux de même qu'un mode multijoueurs. Les niveaux sont reliés entre eux de manière à former différents chapitres relatant les histoires du héros du jeu, la célèbre palette Pong! Ces derniers sont ponctués par quelques brèves séquences d'action qui feront plus souvent qu'autrement sourire les joueurs. Les plus acharnés apprécieront également le mode de jeu challenge, qui comme son nom l'indique propose aux joueurs de relever une centaine de défis.

MZ: En 1978 paraissait Space Invaders, le principe du jeu était simple. Il s’agissait d’empêcher des rangées d’envahisseurs d’atteindre le bas de l’écran tout en évitant leurs bombes. Pour ce faire, le joueur manœuvrait un vaisseau qui se déplaçait latéralement, armé d’un laser. Galaxian, paru en 1979 reprenait ces concepts et y ajoutait une pincée d'imprévisibilité. En effet, les envahisseurs ne se déplaçaient plus uniquement selon un rythme donné, certains d'entre eux se détachaient du peloton pour venir attaquer en zigzaguant le vaisseau du joueur. En 1980 paraissait finalement Galaga, qui à son tour améliorait le genre en ajoutant un zeste de stratégie. Au début d'une partie, le joueur était seul, les envahisseurs apparaissaient d'un peu partout par grappes. Il pouvait donc les éliminer avant qu'ils ne prennent leur formation. De plus, il pouvait permettre la capture d'un des ses vaisseaux pour le récupérer plus tard, doublant ainsi sa puissance de feu. Galaga est un autre jeu remis à la page par Hasbro.

MC: Galaga est une propriété de Namco, dont nous avons acquis les droits afin de procéder à la restauration d'un des meilleurs jeux de tir de tous les temps. Il était tout à fait naturel pour nous d'actualiser ce jeu en 3D, créant par le fait même un jeu comprenant divers niveaux à explorer. Nous croyons donc que Galaga: Destination Earth séduira une nouvelle génération de joueurs.

MZ: Galaga: Destination Earth s'éloigne passablement de son ancêtre en intercalant trois phases d'attaques différentes. La phase Gamma sera la seule réellement familière aux nostalgiques puisqu'elle repose sur une perspective identique au classique. La phase Delta rappelle davantage les classiques Defender, R-Type et Gradius puisqu'elle se déroule selon un défilement horizontal. Enfin, la phase Alpha reprend sans broncher la perspective 3D utilisée dans des jeux comme Starfox. Le résultat pourrait toutefois décevoir les fans du classique conçu par Namco.

MZ: Ce développeur a conçu un autre jeu vidéo qui a été repris par Atari. Une petite boule jaune affamée, poursuivie par des fantômes, qu'elle peut à son tour poursuivre et manger si elle avale des granules d'énergie? Si ce scénario ne vous dit rien, c'est que vous êtes trop jeune ou amnésique. Pac-Man, paru en 1980, a connu un succès phénoménale et historique. Au Japon, les machines d'arcade ont été prises d'assaut à un point tel, qu'elles auraient drainé suffisamment de pièces de monnaies pour que la Banque Centrale de Tokyo soit obligée de réémettre des pièces de 10 yens! Les joueurs devaient miser sur la ruse et mettre leur patience à rude épreuve s'ils souhaitaient progresser dans les dédales du jeu. La Pac-Mania culmina le 18 novembre 1982 avec la finale des Championnats du Monde de Pac-Man sur Atari 2600. 150 000 candidats s'étaient auparavant affrontés dans des poules éliminatoires nationales organisées dans une vingtaine de pays! Il est donc aisé de comprendre pourquoi Hasbro ait décidé de reprendre l'un des personnages les plus importants de l'histoire des jeux vidéo.

MC: Pac-Man est l'un des personnages de jeu vidéo les plus connus. D'ailleurs, a célébré son vingtième anniversaire cette année. Nous avons donc conçu une toute nouvelle aventure pour lui. Il devra voyager dans le temps pour récupérer des granules de puissance, se trouvant dans cinq époques différentes. Il visitera l'Égypte ancienne, l'Europe médiévale, le Far West américain, etc. Pac-Man étant vorace, nous espérons que son succès soit...gargantuesque.

MZ: Pac-Man: Adventures in Time, contrairement à Pac-Man World, la réédition de Namco parue l'an dernier, demeure fidèle au jeu original puisque l'action se déroule exclusivement à l'intérieur de labyrinthes, présentés selon une perspective 3D. Chaque labyrinthe comprend son lot de surprises et de défis, certains se déroulent sur plusieurs niveaux superposés et poussent un peu plus loin des principes d'exploration du classique. Avec ces quatre nouveaux jeux, Hasbro devrait donc séduire à nouveau les joueurs occasionnels, qui n'ont parfois que quelques minutes pour jouer à des jeux vidéo durant leur journée.



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