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Soul Calibur II et Virtua Fighter 4 Evolution

Les jeux de combat cherchent à nous permettre d'affronter des adversaires, humains ou machines, pour faire ressortir la nature compétitive et rustique en nous. Les styles varient beaucoup selon le jeu, tous ont une vision du combat qui saura plaire à un groupe de joueurs. Aujourd'hui deux adversaires de taille s'affrontent, le premier effectue un retour après 4 longues années d'absence, alors que le deuxième s’offre plutôt une mise à jour savante. Aucun ne gagnera, cependant, puisqu'ils sont tous les deux des champions à leur manière.


Soul Calibur, un jeu de combat révolutionnaire développé par Namco pour l'arcade et porté exclusivement sur la défunte console Dreamcast de Sega, se voit enfin doté d’une suite. Autant Soul Calibur sur Dreamcast avait été une surprise, effectuant à l’époque un pas de géant dans l'évolution graphique et technique des jeux vidéo, autant Soul Calibur II se contente de nous resservir la même recette. Toutefois, ce plat réchauffé a un goût exquis et cette fois Namco l’offre en cadeau à tous les joueurs, étant donné la sortie simultanée sur toutes les consoles. Les jeux de combat sont une classe à part, ils plaisent aux joueurs solitaires, divertissent à merveille pendant une soirée entre amis, sont pour la plupart accessibles et offrent une profondeur remarquable pour qui sait s'y investir. C'est véritablement le cas de Soul Calibur II, qui comme son prédécesseur, est franchement amusant entre les mains d'un joueur occasionnel, et sérieusement mortel entre les mains d’experts.

Après un bref coup d'oeil au manuel, qui ne peut qu'être lu brièvement, vous pouvez découvrir les rudiments du jeu avec le « Practice Mode ». Ce mode d'entraînement s'en tient à cela puisqu'il n'a pas la portée gargantuesque du tutoriel de Virtua Fighter 4. Vous êtes donc mieux de passer au mode « Weapon Master », où vous pourrez combattre pour déverrouiller la majorité des bonis du jeu. Ressemblant beaucoup à celui de son prédécesseur, ce mode vous invite à compléter dix chapitres et quelques sous-chapitres, composés de diverses missions à objectifs. Vous pourrez alors découvrir l'histoire de Soul Edge et de Soul Calibur, les épées mystiques du jeu, à travers quelques textes à la présentation archaïque (à moins d’être manique, vous n'y prêterez pas attention). C'est dommage puisqu'il y a de toute évidence un effort pour développer une histoire, comme Soul Calibur II est un jeu vidéo et non roman, un peu d’animation aurait été apprécié! Ce mode de jeu vous lance une variété de défis, comme vaincre plusieurs ennemis consécutifs, gagner alors qu'il y a un grand vent, ou encore utiliser des techniques particulières pour soumettre l'adversaire. La difficulté augmente progressivement au fil des chapitres. Vous aurez aussi à compléter des donjons, qui comportent une série de 10 à 15 combats, dont les temps de chargements sont longs et fréquents. Il est tout de même riche en récompenses puisque vous pourrez déverrouiller huit personnages, des modes de jeu supplémentaires, des tableaux, des costumes, des armes et autres bonis. Ce mode de jeu utilise un système d'expérience (avec niveaux) et vous récompense aussi en or. Vous pourrez donc acheter des armes pour vos guerriers (200 en tout), qui sont légèrement différentes, à la fois techniquement et dans leur apparence. Par exemple, une épée peut faire plus de dégâts, mais vous laisser plus vulnérable à certaines attaques. Dans un jeu de combat utilisant des armes, c'est le genre de subtilité qui fait toute la différence. Pas plus de cinq heures seront requises pour passer les dix chapitres une première fois. Vous devrez les compléter plus d’une fois pour déverrouiller tous les personnages et obtenir assez d’or pour vous procurer tous les bonis. Bien entendu, d’autres modes de jeux plus classiques sont proposés : « Arcade », « Vs », « Time Attack », « Survival » et enfin, « Team Battle ». Dans le mode arcade vous pourrez de nouveau affronter Inferno, une créature de feu superbement animée.

Au niveau des personnages, nous avons droit à pas moins de 23 combattants, incluant bon nombre qui effectuent un retour, comme Astaroth, Voldo, Maxi, Ivy et Xianghua. Vous aurez cependant droit à plusieurs nouveaux personnages qui utilisent bien sûr des armes particulières, comme Raphaël (rapière), Cassandra (épée courte et bouclier), Talim (deux lames courtes), Yunsung (épée longue chinoise) et Charade (qui utilise les techniques des autres personnages) mais aussi Necrid, un personnage créé par Todd McFarlane (le célèbre auteur de bande dessinée et de jouets), qui peut transformer ses bras en différentes armes utilisées par les autres personnages du jeu. Ce dernier a aussi créé le personnage unique à la console Xbox, à savoir Spawn. Enfin, Link, de la série Zelda, et Heihachi, de la série Tekken, ont été ajoutées respectivement aux consoles GameCube et Xbox comme personnes uniques. Malheureusement, les trois personnages ne cadrent pas très bien avec le jeu, ce fut davantage un bon coup de marketing de Namco qu’autre chose. Au niveau des combats Soul Calibur II brille, tout autant que son prédécesseur. Le système de combat est toujours aussi simple et efficace. On peut bloquer un coup, porter un coup horizontal ou vertical avec son arme et donner un coup de pied. Ce sont les actions de base. On peut également projeter un adversaire au sol, le maintenir dans les airs et le ruer de coups, contrer une de ses attaques, briser sa garde. Il est aussi possible d’effectuer une feinte, c’est-à-dire annuler une manœuvre en cours, effectuer un bloc spécial qui donne un avantage tactique, sauter et rouler, etc. Cette fois, il est possible de se déplacer dans 8 directions, ce qui permet d’attaquer un adversaire de côté ou par arrière. Les personnages ont chacun un nombre impressionnant de manoeuvres, qui sont généralement toutes utiles si on sait s'en servir. Les combattants sont variés, généralement équilibrés et contribuent à faire de Soul Calibur II un jeu incontournable. Il faut aussi tenir compte de la portée puisque les armes peuvent varier grandement à ce niveau, ce qui affecte la stratégie à utiliser selon l'adversaire qu'on a devant soi. Dernier point important, le Soul Charge, une énergie spéciale qu'il est possible d'utiliser pour augmenter la force des attaques, peut être déchaînée selon trois niveaux de puissance, chacun prenant plus de temps à charger, période où le personnage est vulnérable. Cette puissance supplémentaire ajoute réellement une couche de stratégie supplémentaire puisqu'une attaque réussie pourra vous donner la victoire, alors qu'une attaque bâclée vous affligera du ridicule.

Si la mécanique de jeu est irréprochable, les visuels, eux, auraient mérité un peu plus de fraîcheur. Soul Calibur II reprend énormément d'éléments de son prédécesseur, que ce soit les manoeuvres, les animations ou le moteur physique. Ça, c'est une bonne chose. Mais sans grandes améliorations dans les animations, le jeu semble parfois un peu dépassé, du moins, en comparaison avec Virtua Fighter 4/Evolution dont les animations sont remarquables. Ce qui est un peu désolant, c'est que la version PlayStation 2 souffre de ralentissements relativement fréquents. Après tout, le jeu roulait bien sur la Dreamcast, et, avec toute la puissance des nouvelles consoles, ça ne devrait pas arriver. C'est encore plus frustrant lorsqu'on constate que les visuels, bien que très jolis, ne sont pas révolutionnaires. Néanmoins, les tableaux sont assez nombreux et comptent plusieurs ruines, des tableaux d'inspirations romaine, grecque, scandinave et égyptienne, la majorité permettant de projeter son adversaire en-dehors de l’arène. Les décors manquent souvent de polygones et d'animation et sont statiques, l'eau étant particulièrement ordinaire. Les personnages sont bien modélisés mais sans être éblouissants et le jeu manque de finesse au niveau de la présentation. Pour un jeu aussi attendu et qui allait de toute évidence être un hit sur les trois consoles, Namco aurait pu faire mieux au lieu de se contenter de récupérer le plus possible le code de la version Dreamcast. On peut toutefois se réjouir d'une bande-son de meilleure qualité. Les pièces musicales sont assez nombreuses et variées, qu’il s’agisse de musiques plus orchestrées, d'inspiration orientale ou moderne. Au niveau des voix, fort heureusement, nous avons droit à l'anglais ET au japonais. C'est franchement plus agréable de ne pas comprendre ce que disent les personnages (puisque c'est insignifiant) et croire qu'ils se lancent des injures à faire trembler les morts en japonais! Sinon, terminons en disant que les bruitages suffisent bien à la tâche, l'oreille suit l'action avec les collisions d'armes, les chutes, les déplacements... S'il est vrai que j'espérais un peu plus de zeste au niveau des visuels, personne ne peut douter de la qualité de Soul Calibur II. C'est un jeu merveilleusement équilibré qui va plaire tout autant aux nouveaux venus qu'aux experts des jeux de combats, incluant ceux qui l'ont maîtrisé sur Dreamcast. Espérons que Namco nous réserve une suite plus sensationnelle dans le futur.


Au même moment, nous avons aussi droit à une version rehaussée de Virtua Fighter 4, un peu moins d'un an et demi après son lancement. Déjà disponible dans la gamme Greatest Hits sur Playstation 2, la version Evolution entre dès le départ dans cette catégorie qui offre des titres à moitié prix. Pour 30$, vous avez donc droit à un extraordinaire jeu de combat, rien de moins! Virtua Fighter 4 a apporté un vent de fraîcheur au genre, qui n’avait pas été secoué depuis la sortie de Soul Calibur sur la Dreamcast. L'essentiel du succès de Virtua Fighter 4 vient du fait que le développeur AM2 (un studio de Sega) a réussi à créer un moteur de combat infiniment précis, complexe et complet. Avec seulement trois boutons (coup de poing, coup de pied, bloc), Virtua Fighter 4 a poussé le genre plus loin que jamais, en offrant des manœuvres très avancées, permettant par exemple de contrer une contre-manœuvre. Virtua Fighter 4 Evolution repose sur le même système de combat prolixe, sans ajouts ou changements déstabilisants pour ceux qui ont investis du temps sur Virtua Fighter 4. Ce qui permet au jeu de croître, c'est tout d'abord l'ajout de deux personnages, ce qui porte le total à 15. Vous avez donc maintenant accès à Brad Burns, un vaillant disciple Muai Thai qui apporte la vigueur de cet art où il est possible de frapper son adversaire avec des coups de coudes et de genoux. La deuxième recrue est Goh Hinogami, un assassin entraîné au Judo, vicieux à courte portée et difficile à saisir, mais définitivement capable de se défendre. Sans que ces deux bagarreurs soient une déception, ils ne sont pas non plus épatants et surprennent surtout par leur look tendance qui diffère de la simplicité stylistique de la série.

Alors que le « Practice Mode » de Virtua Fighter 4 atteignait un niveau sans précédent, AM2 réussit à renchérir en proposant l'outil de formation le plus complet jamais vu. Puisque le jeu est technique, difficile à aborder pour les non-initiés, un tutoriel en profondeur ne peut qu'aider à les initier à combattre dans l'arène de Virtua Fighter. Le mode d’entraînement présente toutes les manoeuvres de base, mais aussi les combinaisons et techniques avancées, en plus d'offrir des défis pour mettre en pratique différentes stratégies. Vous avez aussi accès à une série de combats enregistrés avec les meilleurs joueurs au Japon, où vous pourrez voir en action tous les personnages du jeu, dans les mains de maîtres. Ça laisse entrevoir que le jeu peut réellement être poussé à un autre niveau! L'ajout le plus remarquable de Virtua Fighter 4 Evolution, c'est le mode « Quest ». Virtua Fighter 4 nous avait livré le mode « Kumite », une sorte de tournoi sans fin où l'intelligence artificielle nous livrait bataille selon une gradation échelonnée pour suivre notre progression. Ce mode est remplacé par une quête, où vous incarnez un joueur de Virtua Fighter qui devra se déplacer d'arcade en arcade (au Japon) pour affronter les joueurs qui s'y trouvent. C’est simple, certes, mais très efficace et beaucoup plus accessible que le simple « Kumite » qui ne laissait pas entrevoir de fin. Ce qui est important, c'est que l'intelligence artificielle est tout aussi perfectionnée, reconnaissant les tendances de votre style, et profitant dynamiquement de vos faiblesses, ce qui est essentiel pour profiter du jeu en solo. A ce mode de jeu s’ajoute des « Quest Orders », à savoir des objectifs, qui lorsque complétés, vous récompensent en objets de toutes sortes. De la même manière que son prédécesseur, Virtua Fighter 4 Evolution vous offre cette fois quelques 1500 objets, costumes, et bonis! C'est encore une fois un ajout pour rendre la progression plus dynamique, puisqu'il faut s'attendre à investir des douzaines, voire une centaine d'heures pour maîtriser un personnage parfaitement. C'est donc un jeu de longue haleine, où le temps investi est récompensé par une maîtrise irrévocable. Puisqu'une telle maîtrise devient presque une science, Virtua Fighter 4 Evolution vous offre encore une fois un module de statistiques des plus complets, ce qui vous permet d'examiner en détail votre technique, pour peut-être ainsi déceler des tendances dans votre manière de combattre.

Ce qui va peut-être en décevoir quelques-uns, c'est que l'année et demie n'a pas permis à AM2 d'améliorer outre mesure les visuels du jeu. S'il est vrai que le crénelage horrible qui affligeait Virtua Fighter 4 a été nettement amélioré, les décors des tableaux, eux, n'ont pas profité des bons soins du développeur. Le jeu montre définitivement des signes de l’âge, mais sans pour autant que ce soit une déception totale, tout de même. L'animation est encore une fois impeccable, rien de moins, et les personnages sont modélisés avec énormément de détail. L'absence de ralentissements en combat est un avantage important par rapport à Soul Calibur II. La personnalisation des personnages a aussi son attrait, mais elle est un peu futile puisqu'il est impossible de lire deux cartes mémoires simultanément pour vous permettre d'affronter le combattant modifié d'un de vos amis, dommage... Avec l'ajout de quelques pièces musicales, quelques nouveaux tableaux et modes de jeu, en plus des modes classiques « Arcade » (où vous devez toujours affronter Dural) et « Vs », Virtua Fighter 4 Evolution offre définitivement un assemblage digne de votre intérêt. AM2 a même pris le temps de développer un habillage graphique alternatif tiré du premier Virtua Fighter, ce qui va très certainement amuser les nostalgiques. Seul le plaisir de jouer contre de véritables adversaires viendra surplomber le plaisir d'évoluer dans le mode « Quest », où l’intelligence artificielle est particulièrement redoutable. Reste donc à découvrir les changements subtils dans l'arsenal de chaque personnage, en attendant Virtua Fighter 5 qui, nous l'espérons tous, nous offrira enfin le jeu en ligne!





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