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Shadow Man 2 et Smash Court Tennis

Je suis rarement incapable de trancher si un jeu est bon ou mauvais; s’il mérite vos dollars ou s’il devrait plutôt faire l’objet d’une location pour une fin de semaine. Mais cette fois, Acclaim me donne un sacré mal de tête avec Shadow Man 2econd Coming. Autant ce jeu peut être intéressant à divers niveaux, autant il peut être frustrant dans sa prise en main, la réalisation étant loin de mettre à profit les idées derrière le concept. C’est donc un coup de dés, à vous de voir si le pari en vaut le coup. L’univers dans lequel se déroule cette histoire sombre n’a rien à envier à Soul Reaver, ni à aucun jeu de rôle. Vous aurez à gérer une dualité tout au long du jeu, tant dans les lieux que dans le personnage principal. Ainsi, vous prenez le rôle de Mike LeRoi qui, de jour, prend la forme d’un homme massif au passé troublé et qui, de nuit, se transforme en Shadow Man, celui qui marche entre les deux mondes. Il devient alors un squelette qui n’a plus que ses muscles en décomposition pour le couvrir. Des sphères de lumière lui servent d’yeux et un masque lumineux est imbriqué dans son torse. C’est ce masque qui fait de lui le protecteur de Liveside, là où les hommes vivent. Les démons de Darkside, les Griori, veulent traverser et libérer leur maître Asmodeus qui sitôt apporterait l’apocalypse, rien de moins. Alors que plusieurs personnages viennent appuyer le scénario principal, l’histoire ne s’éloignera guère de celui-ci. C’est un peu dommage puisque bien qu’intéressante, l’histoire demeure très linéaire et prévisible après les premières heures. Les deux mondes offrent pourtant beaucoup de variété, ce qui aurait pu se traduire par des objectifs secondaires. Le jeu plonge surtout dans un bouilli religieux qui s’inspire de la bible, mais aussi du vaudou. C’est un mélange intéressant qui influence positivement le jeu à plusieurs niveaux, que ce soit dans les personnages, les voix, la culture ou les armes. Combattre des démons, ce n’est peut-être pas nouveau, mais d’envelopper le tout d’une couverture bien scénarisée ne peut être que bénéfique.

Après une cinématique d’ouverture très épurée (c’est plus intéressant de lire le feuillet, et c’est plus joli), vous vous retrouvez à Darkside. Pour faire la transition avec le jeu précédent, vous commencerez comme Shadow Man qui s’éveille d’un long sommeil comateux. Il doit alors retrouver l’ourson rose qui lui permettra de se téléporter entre mondes et lieux. Ce sera d’ailleurs une fonctionnalité relativement importante dans le déroulement du jeu, tant pour revenir chercher des items que rencontrer des gens. Ce court tableau vous décevra visuellement, les contrôles rendront vos premiers pas difficiles et l’objectif premier sera ridiculement facile à atteindre. C’est pour ainsi dire une ouverture de jeu très ordinaire qui n’encourage pas à poursuivre. Votre premier saut vous apporte au Wild at Heart, un saloon miteux de la Nouvelle-Orléans. Vous apprendrez alors que votre partenaire Jaunty (un nain irlandais dégoûtant qui peut aussi marcher entre les mondes) a été enlevé par un certain Papa Morte et que seule votre amie Mama Nettie (une prêtresse vaudou qui vous contrôle) peut vous aider. Vous devrez alors vous équiper de vos premières armes, un fusil à clous et une barre à clou. Avec une carte trouvée sur les lieux, vous partirez à la recherche de l’église où se trouve Nettie. L’histoire est alors déjà bien entamée, mais il vous reste un bon 4 heures de jeu très difficile et sans indices avant de pouvoir vraiment vous amuser. C’est un long moment à traverser, qui va certainement en décourager plusieurs. Les puzzles sont parfois introuvables, au lieu d’être difficiles, ce qui n’aide pas non plus à vouloir continuer. L’interface explique une bonne partie du désagrément. D’abord, la navigation dans les menus est compliquée. Vous avez droit à plusieurs niveaux de menus, et passer de l’un à l’autre est long. De plus, la division de contenu n’est pas toujours logique. Équiper les armes est particulièrement difficile. L’accès à la carte est aussi très ardu, ce qui aurait pu être simplifié en offrant un accès rapide via le bouton START qui ne sert qu’à faire pause, alors que le bouton Select le fait aussi en accédant aux menus. La carte est donc presque inutilisable et vous la laisserez de côté, malgré le fait qu’elle est très utile dans plusieurs niveaux complexes. La seule solution c’est d’avoir le guide officiel qui soit dit en passant est drôlement mieux réalisé que le jeu (ahem)…

Au niveau des contrôles, c’est tout aussi désagréable. Le jeu se joue à la troisième personne, ce qui est tout à fait classique pour un jeu d’aventure/action. Vous avez à gérer les deux bras de Shadow Man qui peuvent se battre avec deux armes indépendantes. Vous pouvez équiper 2 armes par bras si elles se manient à une main et changer rapidement d’arme avec L1/R1. C’est avec L2/R2 que vous pourrez effectuer les attaques. Les autres boutons servent à armer/désarmer Shadow Man, sauter, vous pencher ou effectuer une roulade. Bien que ces manœuvres soient intéressantes, elles n’apportent rien au jeu. Vous passerez presque tout votre temps bien planté sur vos deux jambes à cribler l’ennemi de balles. Le mouvement se contrôle avec le bâton analogique gauche alors que le droit contrôle la caméra (haut/bas) et le déplacement latéral (gauche/droite). C’est très instable, les mouvements sont difficiles à bien contrôler et vous vous retrouverez souvent dans un mur en essayant d’avancer tout droit. Ce qui complique encore plus les contrôles, c’est que la caméra passe parfois en mode vol d’oiseau quand c’est étroit. De cette manière, vous avez une vue très limitée et les ennemis peuvent en profiter pour vous descendre. C’est vrai que vos armes à distance atteignent automatiquement les cibles, mais si le CPU décide de viser des caisses de bois, ça n’aide pas vraiment. Combiné avec une gestion des collisions grossière, vous aurez parfois de la difficulté à vous échapper ou à liquider les « baddies ». C’est surtout évident au corps à corps alors que vous serez capable d’attaquer l’ennemi en étant de dos (!), ce qui n’aide pas beaucoup à garder le sérieux. La dernière difficulté, c’est que vous aurez parfois une tâche particulière à effectuer. Mike est fort et peut ouvrir des portes ou bouger des caisses, alors que Shadow Man peut nager sous l’eau sans respirer. S’il est midi et que vous avez besoin de Shadow Man, il faut attendre! Mais plus loin dans le jeu, vous aurez accès à un objet qui vous permet de changer à loisir. Alors, avec une interface et des contrôles médiocres, vous avez à explorer divers tableaux qui parcourent la Louisiane, la Russie, l’Irlande et quelques lieux dans Darkside. Votre temps sera divisé entre la recherche d’objets (surtout les Sigils qui permettent de déverrouiller des pages du livre sacré appelé Codex), la résolution de puzzles très rudimentaires (leviers, boîtes à bouger, etc.) et des combats en grand nombre. La conception des tableaux est intéressante, surtout ceux à l’extérieur. On mêle parfois des éléments de jeux de plate-forme, un ajout douteux étant donné les contrôles difficiles. Sinon, le design est soigné et les tableaux sont vastes. Vous en avez pour longtemps à tout explorer, surtout si vous désirez trouver toutes les armes du jeu. Il y en a une quinzaine en tout et beaucoup ont des propriétés différentes selon que vous soyez Mike ou Shadow Man. Ajoutez à cela des armes vaudou, des reliques et des sorts et vous avez un arsenal très complet.

Visuellement, le jeu compte sur des effets d’éclairage de qualité et de plusieurs modèles sophistiqués. Certaines armes offrent des effets de particules/lumière de qualité, de même que certains ennemis qui ont aussi des tours dans leur sac. Mais, c’est surtout Shadow Man qui est impressionnant, de même que lorsqu’il change de forme. Les textures manquent définitivement de polygones et sont très ordinaires, même pour la PS2. Le pire, c’est que certains tableaux sont beaucoup trop sombres. Il fait noir, que ce soit de jour ou de nuit et on y voit RIEN. Je ne comprends pas que ça soit passé au bêta test. C’est ridicule par moments, surtout dans les marais de la Louisiane. Sinon, c’est un jeu relativement beau qui souffre de ralentissements remarquables, surtout étant donné que le jeu roule rarement en haut de 30 images par seconde. Il faut aussi noter que les temps de chargement sont horriblement longs, parfois jusqu’à 90 secondes. Heureusement, l’audio est beaucoup mieux réalisé. Les voix des personnages sont judicieusement enregistrées, quoique le dialogue soit parfois un peu ridicule. Les clichés sont abondants, les dialogues prévisibles et les jurons parfois vulgaires (un bon point tout dépendant de chacun). La musique accompagne bien le jeu, étant presque toujours présente. Elle apporte beaucoup à l’ambiance générale du jeu qui se veut assez sombre merci. Seul les bruitages déçoivent un peu. Bien que la variété soit au rendez-vous, les bruits sont un peu secs et manquent d’éclat.

Shadow Man : 2econd Coming a donc, à la base, une histoire intéressante et un concept novateur avec le personnage principal qui se transforme. Chacun a des avantages qu’on doit utiliser tout au long du jeu, quoique plus loin Shadow Man me semble plus puissant. C’est un jeu qui dégage une ambiance incroyable grâce au style visuel, mais surtout au son. Les tableaux sont vastes et intéressants, quoique parfois un peu trop répétitifs lorsque le jeu se déroule à l’intérieur. C’est surtout au niveau des contrôles et de l’interface que ça se gâte. Le personnage est difficile à maîtriser, la détection des collisions est inadéquate et le travail de la caméra à la troisième personne est instable. Celle-ci bascule parfois en vol d’oiseau et il devient alors impossible de jouer. Pour un jeu d’aventure/action, Shadow Man a beaucoup à offrir, l’action étant parfois intense, les ennemis variés et les armes originales. Mais, les défauts du jeu sont beaucoup trop à l’évidence. Les temps de chargement sont très longs, le moteur graphique souffre de ralentissements et les 5 premières heures sont loin d’être un cadeau. Ceux qui vont avoir la patience de pousser plus loin et de maîtriser le jeu vont probablement apprécier les qualités multiples qui réussissent à nous surprendre de temps à autre.

Namco s’est enfin décidé à percer le marché américain avec sa série Smash Court Tennis qui jusqu’ici n’était connue qu’au Japon. Namco profite même de ce lancement pour nous offrir le premier jeu de tennis sur Playstation2. Mais une ombre considérable obscurcit le chemin de Smash Court puisque Virtua Tennis doit arriver sur PS2 cet été avec un nouveau nom : Tennis 2K2. Namco espère donc intéresser les fans de Tennis avant l’arrivée du hit acclamé sur Dreamcast qui va sans aucun doute faire fureur sur les grandes consoles. Est-ce que Namco offre un jeu suffisamment intéressant pour aller chercher les joueurs qui attendent l’offrande de Sega ? Avant Virtua Tennis, le sport était peu intéressant comme jeu vidéo et aucun titre n’avait des ventes incroyables. Les temps changent et il semble maintenant y avoir un marché pour le jeu de ping-pong géant. La meilleure façon d’aller chercher les gens, c’est généralement en ayant des noms connus et, à ce niveau, Namco a fait ses devoirs. SCT présente 8 vedettes du Tennis : Martina Hingis, Lindsay Davenport, Monica Seles, Anna Kournikova, Pete Sampras, Yevgeny Kafelnikov, Andre Agassi et Patrick Rafter. Ils sont tous classés selon leur type de jeu, soit Net, Fast Stroke ou All around. Bien que cette différence dans les spécialités soit évidente lorsque nous regardons les joueurs à la télé, dans SCT la différence sera minime tout au plus dans la prise en main. Le jeu offre plusieurs modes : Arcade, Pro Tournament, Exhibition, Time Attack et Challenge. Le mode le plus intéressant est de loin Pro Tournament. Vous pourrez choisir une vedette, puis vous lancer dans quatre tournois : Australian Open (hard court), Tournoi de Paris (clay court), Wimbledon (grass court) et US Open (hard court). On compte donc 4 terrains uniquement avec 3 surfaces différentes. Le Pro Tournament vous permet de tenter votre chance dans un Tournoi après l’autre. Vous pouvez recommencer un match perdu puisque, pour avancer, vous devez gagner. Étant donné qu’il n’y a que 8 joueurs sous licence, les autres adversaires sont fictifs. Un système de défis est imbriqué au mode et vous devrez tenter de les réussir pour gagner un plus grand nombre de points que la normale, points que vous pourrez échanger dans le Prize room contre divers cadeaux. Certaines options peuvent ainsi être gagnées.

Le Pro Tournament offre donc plus de profondeur mais aussi le niveau de difficulté le plus élevé. Alors que le jeu permet de choisir parmi trois niveaux de difficulté, terminer le tournoi au plus facile sera déjà un grand défi. C’est de loin le jeu de tennis le plus difficile à avoir vu le jour. Les autres modes sont moins bien étoffés, mais l’Exhibition mode va susciter l’intérêt puisque vous pouvez configurer les matchs pour 1-4 joueurs (avec le multitap). Le Challenge mode se veut un peu le mode d’entraînement, mais il est loin d’avoir le nécessaire pour bien former un joueur. C’est donc plutôt un divertissement supplémentaire. Dans le Time Attack, vous aurez tout simplement à gagner un nombre de matchs déterminés dans un laps de temps limité. Ce qui va surtout déranger certains joueurs, ce n’est pas le manque de modes ou de terrains, mais plutôt la mécanique du jeu. SCT se veut un jeu très précis au niveau de la synchronisation des coups. Le moment où vous choisissez d’effectuer votre coup et la position du corps du joueur va grandement affecter le coup. Vous avez toujours le choix entre trois coups principaux : topspin, slice et lob. Il sera aussi possible de faire des topspin lob et des drop shot, de même que le smash tant aimé au tennis. Donc, lorsque vous retournez un coup, vous devez placer votre joueur, puis peser un bouton avec une direction sur le bâton analogique (ou le pad digital) pour diriger la balle. De plus, il vous sera possible de faire des coups spéciaux qui sont plus puissants que la normale. Lorsque l’adversaire renvoie mal la balle, il suffit de la frapper normalement pour envoyer ce coup puissant. C’est donc un système intéressant à la base, mais quelques défauts le rendent difficile d’utilisation. D’abord, se placer correctement pour ne pas envoyer de mauvais coups peut être un défi en soi. Les joueurs prennent un certain temps avant de bouger rapidement et, au tennis, il faut se déplacer en moins de 2. Contrairement au vrai tennis, dans SCT, vous n’allez presque jamais faire de « out » ou de balles dans le filet. Oubliez les As au service, ça aussi c’est un coup obscur qui n’a pas trouvé racine dans SCT. Au service, il est aussi très difficile de placer la balle, elle semble bien vouloir aller où elle veut. Ça devient donc frustrant assez vite lorsque les adversaires sont féroces. Le jeu donne l’impression d’avoir accès à des outils que nous, le joueur, n’avons pas en main. Cela dit, les échanges peuvent être très amusants et franchement impressionnants lorsque la chance nous aide un petit peu. Car sans chance, c’est difficile de s’en sortir. Les coups plus forts que la normale (indiqués par un flash « Nice ! ») sont beaucoup trop puissants et sont difficiles à intercepter. L’équilibre entre le plaisir et la difficulté n’est donc pas très agréable pour le joueur moyen.

Visuellement, SCT est un jeu sympathique, sans plus. Les joueurs sont relativement bien modélisés et ne ressemblent pas assez aux vrais joueurs. Nous les reconnaissons puisqu’ils sont identifiés, mais, sinon, ça serait difficile. L’animation est assez bonne, sans être aussi fluide que Virtua Tennis. La foule est encore une fois cartonnée et l’animation de celle-ci est beaucoup trop figée et manque d’images. Les stades sont grands, bien éclairés et relativement beaux. Mais c’est encore trop froid pour reproduire la réalité fidèlement. Pourtant, un moteur de jeu de tennis n’est pas si complexe, l’environnement est restreint et les manœuvres limitées. Je m’attendais à mieux pour le premier jeu de tennis sur une console nouvelle génération. Les textures sont simples, mais il y a tout de même quelques effets intéressants pour compenser. Lorsqu’un joueur se roule par terre, il va avoir de la poussière sur les genoux, ou laisser des traces dans la glaise. Mais c’est subtil, très subtil. L’audio n’apporte pas grand chose pour compenser les lacunes graphiques. La musique joue dans les menus, lors de reprises, et avant et après un match. C’est de la musique d’arcade très typique de Namco et, pour ma part, j’aurais préféré un silence complet comme il est question pendant les échanges. Heureusement que ce silence est presque total, sans quoi il aurait été difficile de se concentrer. C’est donc plaisant de se contenter des commentaires du juge, des applaudissements de la foule et des cris des joueurs. Namco a tout de même eu la bonne idée de diminuer un peu l’ampleur des cris des femmes qui, comme vous le savez, ne sont pas toujours agréables à écouter. Ça ressemble parfois à un accouchement, et ce n’est pourtant qu’une simple balle verte qu’on frappe…

Smash Court Tennis Pro Tournament offre donc un niveau de difficulté élevé qui risque de plaire à certains, mais qui va en rebuter plus d’un. Bien qu’au niveau des options et des ajustements le jeu offre une base solide, il manque de profondeur pour rivaliser avec Virtua Tennis. Le jeu n’a pas de véritable mode d’entraînement et n’offre pas la possibilité de créer un joueur. C’est tout de même un jeu qui offre des visuels respectables et l’animation est assez bonne. Avec ses 8 pros célèbres et 4 terrains, le jeu en offre assez, sans déborder d’abondance. C’est le premier jeu à nous permettre de jouer au Tennis sur PS2, mais d’ici peu nous pourrons nous mettre sous la dent Tennis 2K2 de Sega. À vous de décider si l’attente en vaut le coup.




Liens

Shadow Man: 2econd Coming (Site Officiel)
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Smash Court Tennis Pro Tournament (Site Officiel)
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